Nous nageons dans une grande confusion. Un abîme d’ambiguïtés, de petites phrases tordues, de mots vidés de leur sens, de discours manipulateurs qui veulent faire entrer tout et son contraire dans nos cerveaux, parfois rendus disponibles par des années d’usure.
Certains jours, comme ces jours-ci, nous nous enfonçons un peu plus profondément. Dans ce moment où nos responsables politiques invitent à manifester contre « les porteurs de haine ». En pointant du doigt l’islamisme sans citer l’extrême droite, pourtant principal vecteur de diffusion de l’antisémitisme. Sans utiliser une seule fois, dans leur appel à lutter contre l’antisémitisme, le terme de racisme. C’est sur tous les fronts que le confusionnisme prospère. Des militants écologistes rebaptisés « écoterroristes » au « pognon de dingue » capté par les allocataires des minima sociaux, les pyromanes de salon brouillent tous les repères pour d’obscures manœuvres tacticiennes. Tout se vaut, puisque plus rien n’a de sens. Le « gloubisme » nous noie.
Dans ce maelstrom, nous avons besoin de boussoles. De principes énoncés avec clarté. D’analyses rigoureuses. D’informations fiables. De briques solides sur lesquelles construire un autre récit audible.
Les nouvelles du monde sont obscurcies par les nuages de fumée des propagandes de guerre, mais le temps long est plus propice à avoir les idées claires. Après les révélations de Disclose, tout le monde sait désormais que des polices européennes utilisent depuis 2015 un logiciel de reconnaissance faciale israélien, notamment pour identifier les manifestants et les arrêter au plus vite, en totale violation de la loi. La Belgique semble en être épargnée mais la loi anticasseurs nous y amène.
Autre exemple que nous offre l’actualité : il aura fallu plus d’un an pour que l’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream (26/09/2022) change de « vérité ». Il y a un an, si l’on contestait la thèse officielle d’un autosabotage russe déferlant sur les antennes et certains journaux, on était aussitôt considéré comme un allié de Poutine, une sorte de collaborateur nazi quoi… Conséquence de l’opération ? Depuis, nous demeurons encore plus sous la coupe des États-Unis et accessoirement on paye la facture énergétique au prix fort (baissez votre chauffage et consolez-vous de faire quand même ainsi « un geste pour la planète ! ». Et pourtant, depuis quelques nycthémères, il est admis par tous (c’est officiel) que ce n’était pas un coup des Russes, mais des Ukrainiens (on ne dit pas encore « des États-Unis », mais la vérité vraie s’approche peu à peu)… Quand le journaliste d’investigation américain Seymour Hersh (l’Amérique a encore de bons côtés) avait démonté sérieusement le mensonge, il avait été ignoré par les gros médias ou ridiculisé. Pourquoi parle-t-on de ça ? Pour tenter de traverser l’actualité sans tomber dans les « théories alternatives » qui fleurissent partout et souvent par réaction à la propagande. On finit souvent par connaitre les faits, avec un peu de patience. La difficulté réside à trouver le bon équilibre entre « gober tout et douter de tout » et de déjouer les manipulations qui ont pour conséquence de nous démobiliser et nous résigner à l’apathie.
RSF rapporte que 41 journalistes ont été tués depuis le 7 octobre dans la zone de Gaza. Julian Assange, le journaliste le plus primé du XXIe siècle, croupit dans une prison de haute sécurité anglaise dans l’attente de son extradition aux États-Unis. Il y risque 175 ans de prison pour avoir révélé les crimes de guerre et les tortures de « l’axe du bien ».
L’année 2023 se termine, l’année 2024 sera celle des élections à tous les niveaux, celle où la vigilance, les combats fraternels et solidaires devront être plus urgents et vifs que jamais.