Amnesty International GAZA/ISRAEL


UN COURRIER D’Amnesty International


Bonjour,

Alors que je m’apprêtais à vous envoyer ce message, j’ai reçu une nouvelle bouleversante. Rushdi Saraj, qui avait travaillé avec notre équipe l’année dernière sur un court métrage concernant l’offensive d’Israël sur la bande de Gaza en août 2022, est mort lors d’une frappe aérienne israélienne. Rushdi était un photojournaliste et un cinéaste de talent. Nos pensées vont à sa famille, ses amis et ses collègues, y compris les collègues d’Amnesty International qui le connaissaient si bien. Rappelons-nous à quel point il est essentiel de protéger les journalistes sur les zones de conflit, qui prennent souvent tous les risques pour nous informer.

En cette troisième semaine de conflit armé entre le Hamas et Israël, nous pensons aux victimes israéliennes et palestiniennes qui ont perdu la vie, qui sont blessées, qui sont retenues en otages, qui ont été forcées de se déplacer, qui ont tragiquement perdu des amis, des enfants, des parents et des proches. Ainsi qu’à nos collègues qui travaillent sans relâche pour apporter les informations et les preuves dont nous avons besoin pour nos rapports.
Je viens de lire un message de notre consultant à Gaza sur ses conditions de travail et de vie, et sur ce dont il est témoin. Son message est bien plus éloquent que tout ce que je pourrais dire.

Je vous le partage ci-dessous, en retirant son nom pour des raisons de sécurité.

Transfert du message de notre consultant à Gaza :

« Bonjour, cher·es collègues d’Amnesty,

Tout d’abord, je me suis rendu dans la ville de Gaza pour acheter du carburant pour la voiture et, grâce à Dieu, nous avons obtenu suffisamment de carburant pour deux semaines, ce qui est une grande réussite compte tenu des circonstances ; c’était également une source d’inquiétude compte tenu des prix irréels.

Deuxièmement, nous ne pouvons ni nous doucher ni nous laver car l’eau dans la Bande, qu’il s’agisse d’eau potable ou d’eau pour se laver, est incroyablement rare. Il faut tout acheter.

Troisièmement, en ce qui concerne la nourriture, nous mangeons principalement des légumes ; nous avons mangé du poulet deux fois, mais sans pain, car si je veux acheter du pain, je dois faire la queue pendant au moins 7 ou 8 heures.

Quatrièmement, en ce qui concerne le lavage de nos vêtements : je dois acheter de nouveaux vêtements tous les quatre jours en raison de la pénurie d’eau ; je ne lave que mes vêtements de travail.

Cinquièmement : en ce qui concerne le travail sur le terrain, nous travaillons au milieu de bombardements continus et incessants et nous posons des questions sur les cas les plus meurtriers où des civil·es et des personnes déplacées ont été tué·es. Dans ces conditions dangereuses, nous sommes les seul·es à travailler encore sur le terrain pour documenter les violations et les crimes de guerre. Aucune autre organisation ou centre de défense des droits humains n’a pu opérer pendant cette guerre.
Au cours de mon travail sur le terrain, alors que je recueille des informations sur le crime, je rencontre celles et ceux qui ont perdu leur famille entière, des femmes, des enfants, des personnes âgées. En entendant parler de l’horreur des crimes, je n’arrive plus à écrire. Je m’absente un moment pour respirer et pleurer, puis je reprends mon travail.
Je salue tous et toutes mes collègues et je vous prie de prier pour notre survie dans cette sale guerre.

Enfin, cher·es collègues, j’ai oublié d’ajouter que je suis sans abri car ma maison dans le nord de Gaza a été bombardée. »


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