Tant vanté dans la presse et sur les réseaux sociaux pour son efficacité et sa réactivité face à la pandémie, le gouvernement dévoile sa la face cachée.
Après le vote du CETA pendant le confinement le droit des travailleurs passe à la trappe !!!
La coalition socialiste, libérale et écologiste rétablit unilatéralement la durée maximale de travail à 12 heures par jour et 60 heures par semaine !
Le 11 mai par le Conseil de gouvernement rétablit la durée maximale de travail par semaine dans plusieurs secteurs d’activités, alors même que cette dérogation au droit du travail venait tout juste d’être abolie suscitant une réaction (molle) des syndicats luxembourgeois.
La liste aberrante des secteurs concernés par cette dérogation au droit du travail a encore évolué depuis le premier règlement du 27 mars et dépasse désormais de loin les secteurs essentiels (à qui, à quoi?) qui devaient impérativement continuer de fonctionner.
- Les activités commerciales et artisanales :
- les commerces qui vendent principalement des produits alimentaires,
- les pharmacies,
- les opticiens, orthopédistes et audioprothésistes,
- les commerces qui vendent principalement des aliments pour animaux,
- les commerces de bricolage et de jardinage, et les commerces vendant principalement des produits saisonniers à planter,
- les commerces qui vendent principalement des produits et du matériel de construction indispensables à un usage conforme à la destination de l’immeuble pour lequel les produits et le matériel sont destinés,
- les commerces de services de télécommunication,
- les commerces qui vendent principalement des produits d’hygiène, de lavage et de matériel sanitaire,
- les services de vente de carburants et de stations d’essence,
- les activités de transport de personnes,
- les distributeurs et les commerces spécialisés en matériel médico-sanitaire,
- la pédicure médicale limitée aux soins médicaux et non esthétiques,
- les commerces de distribution de la presse,
- les institutions financières et d’assurance,
- les services postaux,
- les services de pressing et de nettoyage de vêtements,
- les services funéraires,
- les activités de construction, de rénovation et de transformation,
- les activités de dépannage, de maintenance, de révision, de réparation, de déménagement et de dépollution,
- les activités d’entretien nécessaires pour des raisons de sécurité,
- les activités des jardiniers et des paysagistes.
- Et les activités jugées essentielles pour le maintien des intérêts vitaux de la population et du pays :
- les services publics nécessaires au bon fonctionnement de l’État,
- le secteur de la santé et des soins, y compris les activités hospitalières et les laboratoires d’analyses médicales,
- la production et la distribution d’énergie et de produits pétroliers,
- le secteur de l’alimentation,
- la production et la distribution de l’eau,
- la collecte et le traitement des eaux usées,
- l’enlèvement et la gestion des déchets,
- les transports publics,
- les services de transport, de transbordement et d’expédition de marchandises et de fret,
- les systèmes d’échange, de paiement et de règlements des instruments,
- les services postaux et de télécommunication,
- les services de gardiennage, de sécurité, transports de fonds et de nettoyage,
- les activités essentielles liées au fonctionnement du secteur financier et du secteur de l’assurance et de la réassurance.
Communiqué
PRISE DE POSITION COMMUNE DE LA CGFP, DU LCGB ET DE L’OGBL
ET MAINTENANT, MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE ?
Les trois syndicats représentatifs au niveau national — la CGFP, le LCGB et l’OGBL — commencent tout doucement à perdre patience : cela fait désormais des semaines que le gouvernement tourne systématiquement le dos aux représentants des salariés. Ce mépris honteux semble faire système.
Les lettres adressées au gouvernement sont restées, en règle générale, sans réponse. La demande tout à fait justifiée appelant à la convocation rapide du comité de coordination tripartite a été froidement ignorée. Les syndicats sont également mis à l’écart dans le cadre de l’élaboration de la stratégie de sortie de crise. Et trop souvent, ils prennent connaissance des mesures décidées qu’au moment des conférences de presse ou de la publication des règlements grand-ducaux correspondants.
Le dialogue social, que les politiques aiment tant louer, est piétiné, précisément dans cette situation actuelle de crise. Une issue à cette dangereuse évolution n’est pas en vue. Au contraire : les récents événements alimentent de plus en plus le soupçon selon lequel le gouvernement utilise l’actuel état d’urgence pour créer des faits accomplis, aux dépens des citoyens et des travailleurs.
Une série de mesures d’exception, adoptées dans le cadre de l’état de crise, sont en train d’être transposées dans un texte de loi. Le gouvernement avance à un rythme effréné. À ce qu’il semble, l’avant-projet de loi correspondant sera présenté aux députés dès vendredi. Les parlementaires n’auront pas beaucoup de temps pour examiner ce texte. Le gouvernement ne leur accordera en effet que 48 heures, car l’avant-projet de loi sera déjà à l’ordre du jour du Conseil de gouvernement en début de semaine prochaine.
La coalition gouvernementale n’a pas jugé non plus nécessaire de consulter les trois syndicats représentatifs au niveau national quant à cette importante question, alors que la loi Pandémie concerne les droits fondamentaux de TOUS les citoyens. Il va donc sans dire qu’à juste titre, les représentants des salariés doivent y être impliqués.
La CGFP, le LCGB et l’OGBL avertissent clairement le gouvernement qu’ils refusent d’accepter une restriction à long terme des libertés et droits syndicaux. Ils ne permettront pas que la loi Pandémie soit utilisée comme prétexte pour renverser des acquis sociaux et démocratiques durement acquis.
Considérant le peu de temps restant, les trois syndicats demandent donc, indépendamment d’une tripartite, une réunion d’urgence avec le Premier ministre, Xavier Bettel. Cette réunion doit avoir lieu, de préférence, encore avant que l’avant – projet de loi Pandémie ne soit présenté au Parlement.
La CGFP, le LCGB et l’OGBL souhaitent présenter au ministre d’État leurs réflexions visant à lutter contre la crise économique. L’objectif principal étant d’amortir efficacement les graves conséquences de la crise sur les salariés et de préserver le plus grand nombre possible d’emplois. En même temps, les représentants des salariés veulent s’assurer que les mesures d’exception prises en raison de la crise n’en traîneront pas des atteintes excessives et durables à la vie privée et aux droits fondamentaux des citoyens.
Dès le début de la crise, le gouvernement n’a cessé d’appeler les forces vives à apporter leur contribution en vue de surmonter la crise, en se comportant de façon solidaire. La CGFP, le LCGB et l’OGBL prennent cet appel au sérieux. Ils sont prêts à relever les défis futurs et à assumer leurs responsabilités. Le 7 mai, le Premier ministre Bettel a déclaré au Parlement que le dialogue social jouit d’une grande importance dans ce pays.
Monsieur le Premier ministre, faites en sorte que les actes suivent enfin les paroles! Si le gouvernement continue à agir seul, il ne va pas seulement s’attirer la gronde de l’ensemble du front syndical: d’un seul coup, chaque citoyen prendra conscience que les nombreux appels à la solidarité de la part de la coalition gouvernementale n’étaient que les instruments d’une campagne de marketing intéressée.
Communiqué par la CGFP, le LCGB et l’OGBL le 12 mai 2020