Mobilisation contre le glyphosate : soutien aux lanceurs d’alerte inculpés
Neuf personnes de l’Ensemble zoologique de libération de la nature (EZLN) sont inculpées pour avoir mené une action non violente au siège de l’European Crop Protection Association (ECPA), le plus gros lobby de l’agrochimie à Bruxelles.
L’objectif était de mettre en évidence l’influence néfaste de l’ECPA sur les décideurs européens, alors que l’UE et la Belgique doivent prendre d’importantes décisions concernant le glyphosate fin 2017 qui pourraient protéger la santé publique et l’environnement. Le procès aura lieu le 9 novembre, suite à son report il y a quatre mois. 46 organisations avaient alors soutenu les neuf inculpés et dénoncé la répression excessive contre ces personnes et, plus généralement, contre les mouvements sociaux. La présente déclaration vise à réaffirmer ce soutien, en rappelant que les activistes de l’EZLN sont des défenseurs de notre santé et des biens communs. En effet, les actions menées par ce collectif portent sur un sujet d’intérêt général. En ce moment, l’Union européenne doit prendre la décision de prolonger ou non l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate, l’ingrédient principal de l’herbicide Roundup. L’influence excessive des lobbies – dont l’ECPA – sur la rédaction de politiques publiques et les pratiques d’entreprises comme Monsanto constituent des entraves à la démocratie et sont une menace pour la biodiversité, le sol, l’eau et la santé publique.
A la suite d’un procès contre Monsanto, entamé aux Etats-Unis par des milliers de personnes dénonçant la toxicité du Roundup, des documents officiels ont été mis à jour et sont actuellement examinés par le Parlement européen. Ces “Monsanto papers” mettent en évidence un manque de déontologie scientifique, des conflits d’intérêts, des dissimulations d’auteurs et de la corruption, utilisés par Monsanto pour empêcher que le caractère cancérogène du glyphosate soit reconnu par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). De plus, la procédure européenne d’autorisation des pesticides comporte des failles: les études sont réalisées par l’industrie elle-même, les détails sont gardés secrets et les agences responsables de les examiner emploient de nombreuses personnes en conflit d’intérêts.
Selon les lois européennes, les pesticides reconnus comme cancérogènes doivent être interdits. Cependant, les manipulations scientifiques, les pressions anti-démocratiques et le lobbying intense exercés par des entreprises transnationales pour repousser l’interdiction de leurs produits sont autant d’entraves à la possibilité de défendre réellement la santé publique, l’environnement et la transition de notre système alimentaire.
Enfin, rappelons que les citoyennes et citoyens européens sont de plus en plus engagé.e.s dans le soutien d’une transition vers des systèmes alimentaires et des pratiques agricoles refusant l’utilisation de produits chimiques toxiques et non durables.
Cette transition est urgente et doit être solidaire avec les agriculteurs européens qui ont été poussés pendant des années à utiliser des pesticides multiples, comme l’herbicide Roundup (glyphosate). Cette solidarité doit prévoir des aides spécifiques à cette transition et des mesures prévenant la mise en concurrence entre producteurs européens sur base d’un fonctionnement à deux vitesses : des pays qui autoriseraient le produit et d’autres non.
Au vu des graves conséquences sur la santé et l’environnement et les liens que l’on observe entre maladies professionnelles et utilisation de pesticides, nous soutenons les inculpés de l’EZLN comme nous le ferions pour tout acteur encourageant le débat sur la difficulté actuelle d’appliquer le principe de précaution aux produits de l’agrochimie. Nous considérons leur action comme légitime, pertinente, utile et représentant un exercice du droit à la liberté d’expression.
[1] L’acronyme EZLN étant un hommage à l’Ejercito zapatista de liberación nacional (EZLN) du Chiapas, au Mexique.
Faure Denise
En ce moment, l’Union européenne doit prendre la décision de prolonger ou non l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate, l’ingrédient principal de l’herbicide Roundup. L’influence excessive des lobbies – dont l’ECPA – sur la rédaction de politiques publiques et les pratiques d’entreprises comme Monsanto constituent des entraves à la démocratie et sont une menace pour la biodiversité, le sol, l’eau et la santé publique.
Je signe pour l’interdiction immédiate du glyphosate et l’indépendance des laboratoires de la chimie.