Aubange, rue de Longwy :
chemin de pèlerinage de l’intolérance et du racisme ordinaire ?
Alors que l’été automnal tire lentement à sa fin et que l’automne estival fait une indécise incursion, la rue de Longwy s’anime d’une étrange procession.
Son but : déposer un courrier dans une boîte aux lettres privée.
Quelle foi anime donc ces discrets pèlerins ?
La création d’habitats légers, deux yourtes et la transformation d’un vétuste bâtiment en salle d’eau et wc publics, voilà ce qui trouble la quiétude de ce bout de ville dortoir.
L’objectif est d’offrir un logement décent aux personnes errantes qui se terrent actuellement au fond du bois Youngen Busch sous le vieux chapiteau du comité des fêtes de la frontière dans l’espoir de rejoindre la douce Albion. Cet abri est vieux, perméable, dangereux mais il a certainement pour les étranges pèlerins l’avantage d’être invisible, bien caché dans les fourrés.
La lettre qui circule se garde bien d’utiliser le mot « migrant », les auteurs et signataires sont des humanistes, crénom !
Voyons cela de plus près.
Ainsi, cette place délaissée et non entretenue depuis des années serait une zone de détente pour les enfants et adultes du quartier ! C’est vrai, les usagers peuvent s’asseoir sur le seul banc avant de devoir passer leur pantalon à la machine à laver et le recoudre… Cet unique siège se trouve en face de la place, de l’autre côté du chemin.
Elle serait fréquentée par les bambins et les adultes ; ils sont rares sinon ils doivent être transparents et particulièrement silencieux.
Apprendre à rouler en vélo ? D’autres lieux, notamment les larges trottoirs de la rue de Longwy ou le cul-de-sac de la rue Nizette sont des lieux sécurisés où les jeunes générations peuvent s’essayer aux joies de la pédale.
Les magasins, la gare, l’administration seraient difficilement accessibles ? Bien moins qu’elles ne le sont dans la situation actuelle où les migrants traversent les chemins forestiers pour arriver sur la voie publique ; de plus des arrêts de bus vers Athus (administrations et commerces) se trouvent à 20 mètres de la place.
Des joueurs occasionnels de pétanque ? Ils viennent en voiture une ou deux fois par mois à la belle saison. Aubange dispose d’un boulodrome accessible à tous à un kilomètre.
Lieu de passage pour les habitations proches ? Le bois est communal et chacun y a accès en respectant les règles idoines. Une servitude facilitait les accès aux propriétés, elle tombait en désuétude il y a quelques années. Peut-être faudrait-il la réactiver plutôt que de maltraiter la forêt en y passant moult matériaux (construction, bois de chauffage, …)
Lieu de la fête du quartier ? La dernière fête a eu lieu, il y a plus de 10 ans et le matériel a été délaissé sur place !
Organisation de chasses qui mettraient en danger les occupants ? C’est sûr que, perdu au milieu des bois, leur campement est sécurisé !
Chenilles processionnaires ? Elles ont envahi les terrains privés mal entretenus…
Bref, beaucoup de prétextes sont exprimés par des nouveaux habitants dans un quartier qui était ouvert à toutes et tous.
Au mieux, on peut espérer qu’il s’agit d’un « Not In My BackYard » mais, vu le nombre de « pèlerins », ce serait du « Pas de ça chez nous »
On comprend pourquoi les étés aubangeois sont tristes.
Aubange